Pour célébrer 140 ans de relations diplomatiques entre la Corée et la France, les K-Startups vibrent au cœur de Paris.

– Pour commémorer le 140e anniversaire des relations diplomatiques franco-coréennes, la Fondation de coopération sino-coréenne (KSC) à Paris a organisé…
La collaboration triangulaire entre Jungjin, Station F et HEC Paris construit un modèle d'expansion mondiale grâce à la « connectivité de l'écosystème ».
De l'IA à l'aérospatiale, K-Tech présente une vision audacieuse pour le marché européen.
Redécouvrir la culture « Ppalli Ppalli » : les opportunités et l’attrait du marché coréen vus par les entrepreneurs français.
Une plateforme d'échange écosystémique bidirectionnelle qui couvre à la fois les canaux « sortants » et « entrants ».

▲ Vue panoramique de la zone photo « Journée K-Startup à la station F »

Le 29 octobre 2025, Station F, le plus grand campus de startups au monde, situé dans le 13e arrondissement de Paris, vibrait d'une énergie inhabituelle. Dans cet immense bâtiment, une ancienne gare de marchandises des années 1920 reconvertie, le coréen et le français se mêlaient avec aisance, créant un véritable langage de l'innovation. C'est là que se déroulait le « K-Startup Day at Station F », un événement spécial commémorant le 140e anniversaire des relations diplomatiques franco-coréennes.

Organisé par le K-Startup Center Paris (KSC Paris), géré par l'Agence coréenne des PME et des startups (KOSME), cet événement a servi de plateforme aux startups coréennes souhaitant se développer en Europe (exportation) et attirer les startups françaises en Corée (investissement). Onze entreprises coréennes innovantes, issues de divers secteurs tels que l'IA, la mobilité, l'aérospatiale et les technologies alimentaires, ont présenté leurs visions ambitieuses à des investisseurs et partenaires européens. L'après-midi a été marquée par un vif intérêt de la part d'entrepreneurs français, conscients du potentiel du marché coréen. L'enthousiasme des innovateurs des deux pays, réunis à Station F, a inauguré un partenariat prometteur pour le XXIe siècle, s'appuyant sur 140 ans d'histoire diplomatique entre la Corée et la France.

Le plus grand pôle d'innovation d'Europe ouvre ses portes aux startups K-Startups
Yang Ji-ae, directrice de KSC Paris, qui a inauguré l'événement, a souligné que celui-ci jetterait les bases d'une coopération mondiale durable grâce aux échanges entre les écosystèmes de startups des deux pays. Comme prévu, le lieu était déjà animé par la présence d'entrepreneurs, d'investisseurs et de représentants gouvernementaux des deux pays avant même le début de l'événement.

▲ Discours de félicitations de l'ambassadeur Kim Byung-jun lors de la cérémonie d'ouverture de « K-Startup day@station F ».

Malgré les vacances d'automne en France, la participation des visiteurs français, attirés par les technologies innovantes coréennes, a été particulièrement remarquable. Ces dernières années, la vague coréenne, représentée par la K-pop, les K-dramas et la K-food, s'est étendue aux secteurs de la technologie et des affaires, facilitant ainsi la coopération et l'investissement technologiques.

Fondée par le magnat français des télécommunications Xavier Niel, Station F est le plus grand pôle d'innovation au monde, abritant plus de 1 000 start-ups sur une superficie de 34 000 mètres carrés.

▲ Vue de la zone Create à la station F dans le 13e arrondissement de Paris, France.

Du président Emmanuel Macron au PDG d'OpenAI, Sam Altman, en passant par Snoop Dogg, ce lieu, fréquenté par des personnalités politiques, économiques et culturelles du monde entier, est un symbole d'innovation mondiale. Le choix de KSC Paris comme siège et lieu d'accueil du « K-Startup Day » témoigne de la capacité des startups coréennes à rivaliser sur la scène internationale de l'innovation, aux côtés de géants comme Google, Meta et LVMH. Cette présence offre aux entreprises participantes un atout majeur, un réseau de premier plan et une crédibilité indéniable.

De l'IA à l'espace, le défi audacieux de K-Tech au monde
La session « Outbound », organisée le matin, constituait un lancement ambitieux pour les startups coréennes sur le marché européen. Les entreprises résidentes et candidates au KSC Paris, soigneusement sélectionnées, ont présenté leurs technologies clés et leurs visions à des experts locaux, notamment l'équipe d'investissement de Station F et le responsable des investissements Asie pour la région Île-de-France, frappant ainsi à la porte du marché européen.

▲ Une scène de présentation de MeTown, une entreprise de solutions d'intelligence artificielle 3D.

Les portefeuilles des 11 entreprises présentées ce jour-là ont clairement démontré la richesse et la diversité des compétences technologiques accumulées par l'écosystème des startups coréennes. Celles-ci peuvent être globalement divisées en deux catégories. La première, la « deep tech », requiert des capacités de R&D avancées dans des domaines tels que l'IA, la mobilité et l'aérospatiale. La seconde, la « culture and lifestyle tech », tire parti du patrimoine culturel coréen, reconnu mondialement, pour créer des modèles économiques innovants.

Dans le secteur des technologies de pointe, les progrès des entreprises pionnières de l'ère des véhicules à gestion logicielle (SDV) ont été remarquables.

Dream Ace a présenté l'avenir des expériences de mobilité personnalisées en introduisant une plateforme IVI (In-Vehicle Infotainment) qui intègre et contrôle les sièges, la climatisation et l'éclairage du véhicule grâce à une IA embarquée.

Basée à Changwon, dans la province de Gyeongnam, la société iFlow a présenté une solution englobant à la fois le matériel et l'infrastructure pour une mobilité écologique, dévoilant un groupe motopropulseur à pile à combustible à hydrogène pour la micromobilité basé sur la technologie des moteurs à flux axial à haut rendement (AFPM) et une petite installation appelée « HOASIS » qui produit et charge de l'hydrogène vert à l'aide de l'énergie solaire.

▲ (En haut à gauche) Dream Ace / (En haut à droite) E-Flow / (En bas) Mitown

MiTown a présenté son service « EVOVA », qui convertit automatiquement des objets réels en modèles 3D ultra-légers (environ 3 Mo) de haute qualité en quelques minutes seulement grâce à sa technologie Gaussian Splatting développée en interne, démontrant ainsi son potentiel à changer le paradigme du commerce électronique et de la production de contenu VFX.

DSW a intégré le développement durable dans la vie quotidienne grâce à la technologie avec « SONNET », une solution d'IA appliquée aux appareils électroménagers tels que les machines à laver afin de réduire considérablement la consommation d'énergie, d'eau et de détergent.

Dans le secteur aérospatial, la vision la plus ambitieuse a été présentée par Dallo Aerospace. Ayant validé leur prototype moins d'un an après leur création, ils visent à commercialiser des services de lancement de petits satellites d'ici 2027 et ont déjà attiré l'attention grâce à leurs réalisations concrètes, notamment la signature d'un contrat avec des universités japonaises pour des lancements d'essai de CubeSats.

▲ (En haut à gauche) Dalro Aerospace / (En haut à droite) Aligo AI / (En bas à gauche) Slok / (En bas à droite) Luerang

Les entreprises technologiques spécialisées dans la culture et le style de vie ont tiré parti du soft power coréen pour créer des modèles commerciaux sophistiqués.

« Celevu » d'AligoAI est une plateforme innovante de propriété intellectuelle de célébrités qui tire parti de la popularité mondiale de la K-pop et des K-dramas pour trouver la célébrité optimale pour une campagne publicitaire grâce à l'IA et générer un contenu publicitaire de haute qualité sans tournage supplémentaire grâce à la technologie du « jumeau numérique ».

Slok innove sur un nouveau marché en analysant les données de préférences des consommateurs européens grâce à sa plateforme O2O basée sur l'IA « DANAYAD » et en proposant une mode personnalisée de créateurs coréens émergents.

Luelang, désignée « Baby Unicorn » en 2025, est une entreprise de solutions complètes en produits alimentaires coréens qui a implanté avec succès des raviolis surgelés, du poulet frit, etc., dans les circuits de distribution français sous sa propre marque « Maison de Corée ». Elle a démontré la compétitivité de ses produits en assurant elle-même le service traiteur lors de cet événement.

Les startups proposant des expériences inédites ont également suscité l'intérêt. « TiP (Travel in your Pocket) » de Paris Class est une plateforme de conciergerie qui utilise l'IA pour analyser les émotions et les préférences des utilisateurs afin de concevoir des voyages de luxe sur mesure.

Le groupe Divein collabore avec des artistes pour transformer des chambres d'hôtels 2 à 4 étoiles en espaces artistiques immersifs grâce à sa plateforme « Artstay », contribuant ainsi à la revitalisation des hôtels et à la création d'expériences de voyage innovantes. Basée à Paris, Nomadhull est une application communautaire qui met en relation plus de 400 000 voyageuses dans 190 pays. Axée sur les valeurs fondamentales de « sécurité » et de « solidarité », elle encourage les voyages indépendants pour les femmes.

▲ (En haut à gauche) Classe Paris / (En haut à droite) Groupe Dive-in / (En bas) Nomade Hull

Nombre d'entre elles sont déjà constituées en société ou ont leur siège social à Paris, ce qui montre clairement que cet événement n'est pas seulement une vague exploration du marché européen, mais une démarche stratégique visant à accélérer les efforts déjà en cours.

Connecter les écosystèmes – Le triangle formé par le KSC Paris, la station F et HEC Paris
Ce qui distingue véritablement le « K-Startup Day », c'est la transparence de son système d'accompagnement sophistiqué, conçu pour aider les entreprises prometteuses à réussir leur implantation sur le marché local. La structure triangulaire – KSC Paris (gouvernement), Station F (infrastructures privées) et HEC Paris Business School (établissement d'enseignement supérieur) – propose un modèle d'« atterrissage en douceur » performant qui élimine systématiquement la quasi-totalité des obstacles rencontrés par les startups sur les marchés étrangers.

Le premier axe, Station F, est une véritable scène internationale. « Il ne s'agit pas simplement d'un espace de coworking », a souligné le présentateur de Station F, insistant sur le fait qu'il s'agit d'un hub de réseautage unique où des entrepreneurs de plus de 70 pays peuvent se réunir, échanger et nouer des contacts avec des investisseurs et des partenaires de premier plan. Station F, en particulier, témoigne de son engagement constant à attirer les startups internationales en proposant des programmes dédiés à des pays spécifiques comme la Corée, le Japon et l'Inde. Pour les startups coréennes, être présentes à Station F, c'est comme s'assurer un accès privilégié au cœur du marché mondial.

Le deuxième pilier est HEC Paris, la plus prestigieuse école de commerce d'Europe. Antoine Leprêtre, directeur de l'incubateur HEC, définit le rôle d'HEC comme celui de « créer des opportunités inattendues ». Il explique qu'HEC s'appuie sur plus de 45 ans d'expérience dans la formation à l'entrepreneuriat, un réseau d'anciens élèves ayant permis la création de 16 licornes, et un vivier de plus de 1 000 mentors experts pour accompagner la croissance stratégique des startups. Au-delà d'une simple formation, les programmes d'HEC visent à créer un « écosystème engagé » où la communauté entrepreneuriale se soutient et se développe ensemble. Un atout essentiel pour les startups étrangères qui manquent souvent de connaissances du marché et de vision stratégique.

▲ Un représentant de l'incubateur HEC Paris présente l'écosystème des startups de HEC.

Le rôle de KSC Paris, troisième pilier du dispositif, est de mettre en relation ces deux partenaires clés et de concevoir des programmes sur mesure pour les startups coréennes. Sa directrice, Yang Ji-ae, a déclaré : « KSC Paris a conçu ce programme en collaboration avec des partenaires de premier plan tels que Station F et HEC Paris. » Grâce à cette collaboration avec Station F, qui fournit le matériel et les réseaux, et HEC, qui propose des formations logicielles, la structure offre aux startups coréennes un accès simplifié à l’écosystème local. Ce modèle, qui allie le soutien financier de l’État, le réseau mondial du secteur privé et l’expertise stratégique du monde universitaire, constitue la formule optimale pour réduire considérablement l’incertitude liée à l’expansion à l’international et maximiser les chances de succès.

▲ Yang Ji-ae, directrice du KSC Paris, présente le modèle et le programme de coopération entre les startups Corée-France.

« La culture du "Ppalli Ppalli" en Corée : une opportunité » – L'écosystème coréen vu par les entrepreneurs français
La session « Inbound » de l'après-midi, intitulée « Porte d'entrée vers la Corée », a été le point fort de l'événement. Elle a permis de mieux comprendre les efforts déployés par le gouvernement coréen pour attirer les startups françaises et de bénéficier des témoignages d'entrepreneurs français ayant une expérience concrète du marché coréen.

Tout d'abord, le gouvernement coréen a lancé une campagne proactive d'accompagnement des entreprises étrangères. Du « Global Startup Center », qui propose des conseils gratuits sur les démarches administratives souvent complexes pour les étrangers, comme l'ouverture de comptes bancaires et la fiscalité, au « K-Startup Grand Challenge (KSGC) », qui offre des prix importants et un suivi personnalisé aux cinq meilleures équipes, en passant par le programme « K-Scouter », qui identifie les entreprises technologiques étrangères à fort potentiel et leur apporte un soutien étroit tout au long de leur processus d'implantation sur le marché coréen, jusqu'aux visas dédiés aux entrepreneurs, diverses mesures ont été présentées, démontrant ainsi la volonté de la Corée de s'orienter vers un marché plus ouvert.

L'impact concret de ces initiatives gouvernementales a été illustré par les présentations d'entrepreneurs français. Jean-Marc Druesne, PDG de la start-up Bbalance, spécialisée dans la santé, a captivé l'auditoire en partageant son expérience en Corée. Il a révélé qu'après avoir participé à un programme d'accélération coréen, il avait mené à bien des projets de validation de concept (PoC) avec des établissements médicaux de premier plan en Corée, notamment l'hôpital universitaire national de Séoul et l'hôpital universitaire Konkuk. Il a également indiqué avoir créé une filiale coréenne et collaborer actuellement avec une entreprise du secteur de la santé fondée par d'anciens ingénieurs de Samsung Electronics pour la production de matériel.

▲ Jean-Marc Drouen, PDG de la start-up française Bbalance, spécialisée dans la santé, présente son expérience sur le marché coréen.

Il a notamment mis en avant le mot coréen « PaliPali » (dépêche-toi, dépêche-toi, dépêche-toi) dans ses diapositives, le présentant comme le principal atout du marché coréen. Il a déclaré : « Grâce à la culture coréenne de la rapidité, nous pouvons nouer des relations d'affaires solides et obtenir des résultats rapides en seulement six mois. » Cette réinterprétation de la culture coréenne de la vitesse, souvent perçue négativement en Occident, comme un « facteur d'opportunités », a démontré avec force l'attractivité du marché coréen pour les startups, où la rapidité est primordiale.

Melissa, PDG de la marque de K-Beauty K-Brown, a offert des conseils plus pratiques. Elle a souligné : « En Corée, on a tendance à privilégier l’investissement dans les personnes plutôt que dans l’idée commerciale elle-même. Il est donc primordial d’établir une relation de confiance à long terme. » Tout en qualifiant positivement la procédure de visa pour startups de « surprenante simplicité », elle a partagé avec franchise son expérience des difficultés importantes rencontrées en tant qu’étrangère, comme l’ouverture d’un compte bancaire et l’intégration à des systèmes de paiement internationaux tels que Shopify. Cette transparence quant au contexte et aux défis pratiques rencontrés par les entreprises à succès a renforcé la confiance dans l’écosystème des startups coréennes. En effet, elle transmet un message authentique : le gouvernement coréen et les organismes de soutien sont pleinement conscients des difficultés concrètes auxquelles sont confrontés les entrepreneurs étrangers et s’efforcent d’y remédier.

Un partenariat franco-coréen qui perpétue l'innovation depuis plus de 140 ans
Marquant l'étape historique du 140e anniversaire des relations diplomatiques franco-coréennes, le « K-Startup Day at Station F » a clairement défini les orientations futures de la coopération économique entre les deux pays. Cet événement a harmonieusement lié les efforts de promotion des technologies innovantes coréennes en Europe aux efforts d'attraction des capacités d'innovation françaises en Corée. Il a ainsi permis la mise en œuvre réussie d'un modèle d'échange d'écosystèmes mutuellement bénéfique, dépassant le cadre d'une expansion unilatérale.

Ce que nous avons vu ce jour à Station F prouvait que la Corée est en train d'évoluer d'un rôle passif de « suiveur de règles » dans le paysage mondial des startups à celui de « créateur de règles », concevant ses propres programmes d'incubation comme K-Scouter et présentant une vision de devenir un « centre névralgique de l'expansion asiatique ».

▲ KSC Paris, entreprises résidentes, HEC et personnel de Station F participant à la « journée K-Startup@station F ».

Ce modèle de collaboration performant, alliant un soutien gouvernemental systématique articulé autour du Centre spatial Kennedy (KSC) de Paris, l'infrastructure de pointe de Station F et l'expertise stratégique d'HEC Paris, créera un cercle vertueux. Grâce à ce soutien, davantage de startups coréennes pourront s'implanter avec succès sur le marché européen et, simultanément, attireront en Corée, terre d'opportunités, plus de talents internationaux. La relation entre nos deux pays, initiée par la diplomatie il y a 140 ans, évolue aujourd'hui vers un partenariat plus profond et plus dynamique, porté par l'innovation et la technologie. La « Journée des startups coréennes » a marqué avec force le début de cette nouvelle ère.